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Le racisme systémique : quand la justice n’est pas la même pour tous

  • Annabelle Épée
  • 5 oct.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 oct.

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On parle souvent de « racisme systémique », mais de quoi s’agit-il vraiment ? Contrairement à une insulte ou un geste isolé, il ne s’agit pas seulement d’actes individuels, mais d’un ensemble de règles, de pratiques et de croyances qui produisent des inégalités raciales au cœur même des institutions.

La Commission des droits de la personne et de la jeunesse du Québec (CDPDJ) rappelle que le racisme systémique se manifeste dans la façon dont les systèmes sociaux — justice, police, éducation, emploi, logement traitent différemment les personnes selon la race qu’on leur attribue.


Quand les chiffres parlent

À Montréal, le profilage racial est une réalité documentée depuis des décennies. Déjà en 1987, la mort d’Anthony Griffin révélait la méfiance et la violence disproportionnée subies par les jeunes Noirs. En 2019, un rapport du SPVM confirmait que les hommes noirs et autochtones étaient interpellés 4 à 5 fois plus que les hommes blancs.


En 2023, malgré un nouveau rapport indépendant et de nombreuses recommandations, la situation n’a pas changé :

  • Les Autochtones sont 6 fois plus susceptibles d’être arrêtés que les Blancs.

  • Les Noirs, 3,5 fois plus susceptibles.

Ces données démontrent que les inégalités ne relèvent pas d’exceptions, mais bien d’un racisme structurel.


Le racisme structurel dans nos esprits

Comment expliquer que ces pratiques persistent ? Des philosophes comme Magali Bessone parlent d’injustice épistémique : les témoignages et savoirs des personnes racisées sont jugés moins crédibles, simplement parce qu’ils viennent d’elles.

Un homme noir sur une scène de crime sera trop souvent perçu comme un suspect avant d’être considéré comme un témoin fiable. À l’inverse, une personne blanche bénéficie d’un « excès de crédibilité ». Cette distorsion des perceptions est ce que Charles Mills et Bessone appellent l’ignorance blanche : une vision du monde qui minimise ou nie l’expérience du racisme, et qui se perpétue inconsciemment dans les institutions.


Conséquences et héritages

Le profilage racial n’est pas une série d’incidents isolés : c’est une blessure collective. Ces humiliations répétées fragilisent les liens sociaux et entretiennent des traumatismes transmis de génération en génération, en particulier dans les communautés noires et autochtones.

Historiquement, les systèmes de domination ont toujours cherché à affaiblir les figures paternelles et les structures communautaires des peuples colonisés et esclavagisés. Aujourd’hui, le profilage racial est une continuité de ces logiques de domination.


Comment transformer la situation ?

Reconnaître le racisme systémique, ce n’est pas accuser les individus, mais oser regarder comment nos institutions reproduisent des inégalités. Cela exige :

  • Une formation continue sur les biais inconscients et le racisme structurel.

  • Des politiques claires contre le profilage racial.

  • L’intégration des voix et savoirs des communautés concernées dans les processus de décision.

  • Une volonté politique et organisationnelle de réparer et transformer.

Comme le rappelle Magali Bessone : « L’ignorance blanche peut être combattue ». Cela demande courage, lucidité et engagement.


 
 
 

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